Le Forum sur l’information et la démocratie annonce la création d’un groupe de travail sur la soutenabilité du journalisme, qui invitera des experts, des acteurs des médias, des universitaires et des juristes partout dans le monde, à formuler des recommandations structurelles. La baisse des revenus met en danger la survie de nombreux médias d’information, impacte la qualité des contenus et représente au final un danger démocratique majeur.

Le comité de pilotage du groupe, composé de 17 personnalités ( liste ci-dessous), sera présidé par Rasmus Kleis Nielsen, directeur du Reuters Institute pour l’étude du journalisme à l’Université d’Oxford. Le Forum recrutera une équipe de rapporteurs. Un appel à contributions mondial sera publié mi-décembre.

Le groupe aura pour objet d’identifier des bonnes pratiques (business models, collaboration commerciale et éditoriale), de formuler des recommandations pour une régulation favorisant un environnement propice à la soutenabilité du journalisme (refonte juridique de l’économie des médias, financements innovants) et de fournir des recommandations pour les politiques publiques hors marché (subventions publiques, services en nature, fiscalité, aide au développement). 

“Le bouleversement de l’écosystème des médias et la concurrence déloyale imputable au changement de paradigme technologique mettent en péril le financement du journalisme, déclare Christophe Deloire, président du Forum sur l’information et la démocratie. Avec la création de ce groupe de travail, nous entendons favoriser une réponse systémique aux enjeux de financement du journalisme.”

“Les informations de qualité sont coûteuses, et la viabilité financière contribue à protéger l’indépendance éditoriale. C’est pourquoi la soutenabilité du journalisme est importante pour l’ensemble du public, pas seulement pour ceux qui travaillent dans les médias d’information, explique Rasmus Kleis Nielsen, président du comité de pilotage. J’ai hâte de travailler avec le Forum sur l’information et la démocratie sur la soutenabilité du journalisme pour identifier des recommandations qui pourront nous aider à trouver des moyens d’assurer la pérennité de la production d’informations de qualité provenant de médias véritablement indépendants.”

Dans un communiqué publié le 12 Novembre 2020, l’Alliance pour le multilatéralisme, composée de 70 Etats, a annoncé attendre que les recommandations du groupe de travail lui soient présentées lors de l’une de ses réunions. Le 16 novembre, les 37 Etats de la Coalition pour la liberté des médias ont publié une déclaration commune dans laquelle ils se sont “félicités” du lancement du groupe de travail.

Le 17 novembre, le Conseil d’administration du Forum annonçait la nomination de Harlem Désir à la fonction de directeur. Il est l’ancien représentant  pour la liberté des médias de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).

Les membres du comité de pilotage

  • Rasmus Nielsen, président du comité de pilotage. Directeur, Reuters Institute for the Study of Journalism, Université d’Oxford. Il est également professeur de communication politique à l’Université d’Oxford.
  • Julia Cagé, Co-directrice, Laboratoire Interdisciplinaire d’Evaluation des Politiques Publiques. Elle a publié Sauver les médias : Capitalisme, financement participatif et démocratie.
  • Prem Chandran, Co-fondateur et directeur général, Malaysiakini. Il est également directeur non-exécutif de KiniTV et de FG Media, et il est président d’Asia Mobiliti.
  • Styli Charalambous, Éditeur et PDG, Daily Maverick. Daily Maverick est un journal numérique indépendant d’actualités, d’analyses et d’investigations.
  • Naresh Fernandes, Editeur, Scroll. Il est également membre du comité de rédaction du World Policy Journal. Il a été rédacteur en chef de Time Out India et du Wall Street Journal à New York. 
  • Elizabeth Hansen, Chercheuse principale du projet News Sustainability and Business Models, Shorenstein Center on Media, Politics, and Public Policy, Harvard Kennedy School.
  • Kwame Karikari, professeur de journalisme et de communication de masse, École d’études en communication, Université du Ghana. Auparavant, il était le directeur exécutif de la MFWA
  • Arne H. Krumsvik, Recteur et professeur de médias et de communication, Kristiania University College. Il est considéré comme l’un des fondateurs des études sur les innovations médiatiques. 
  • Nishant Lalwani, Directeur général, Luminate. Il dirige également le changement narratif de l’organisation et supervise la stratégie de Luminate et les équipes de soutien des partenaires.
  • Mira Milosevic, Directrice exécutive, GFMD. Elle a écrit les rapports World Press Trends, a géré les programmes de développement des médias à la WAN-IFRA et a été la directrice du Media Center. 
  • Tania Montalvo, Rédactrice en chef, Animal Político. Elle a commencé comme reporter pour Animal Político, avec un accent sur la corruption, le crime organisé, la violence et les conflits.
  • Henri Pigeat, Ancien PDG, AFP. Il est actuellement éditeur de presse. Auparavant, il était animateur de la Quality of News and Information Task Force du WAN.
  • Sibylle Rizk, Directrice des politiques publiques, Kulluna Irada. Ancienne rédactrice en chef du principal mensuel libanais Le Commerce du Levant, elle est experte des défis libanais.
  • Natalya Sindeyeva, Fondatrice et PDG, Dozhd. Natalya a remporté deux fois le prix du « Russia’s media manager » pour son travail à la radio (2004) et à la télévision (2011).
  • Olaf Steenfadt, Responsable de la «Journalism Trust Initiative» de RSF. Il est membre du Comité d’experts sur la qualité du journalisme à l’ère numérique du Conseil de l’Europe.
  • Kirstine Stewart, Directrice de Shaping the Future of Media, Entertainment and Information. Auparavant, elle était vice-présidente, Médias, Twitter après le lancement du bureau canadien de Twitter. 
  • Patricia Torres-Burd, Directrice générale – Services médias, Media Development Investment Fund. Auparavant, elle était vice-présidente de UBC International.