Cet ambitieux texte de co-régulation négocié entre la Commission européenne, les plateformes et les organisations de la société civile contient de nombreuses recommandations émises dans le rapport du Forum Comment mettre fin à l’infodémocratie et dans le texte du Partenariat international sur l’information et la démocratie. Les plateformes ont jusqu’au 14 juin pour s’engager à respecter le plus grand nombre possible de ces dispositions.
Promotion d’une information fiable, devoir de transparence, protection de la vie privée des utilisateurs… Lancées en 2021, les négociations du « Code de pratique renforcé sur la désinformation », sous l’égide de la Commission européenne, viennent d’aboutir à l’adoption de mesures fortes qui reprennent une grande partie des recommandations élaborées par les groupes de travail du Forum sur l’information et la démocratie. Au moins 60 recommandations ont été adoptées dans ce texte, qui n’attend plus que la signature des parties prenantes pour être effectif.
Le code introduira des mesures structurelles visant à promouvoir la fiabilité des informations en ligne. Il s’agit notamment de mettre en place de nouveaux systèmes de signalement des contenus et des outils de vérification des faits, d’améliorer la conception des plateformes pour réduire la viralité des fausses informations et de promouvoir la fiabilité de l’information par le biais de normes telles que le Initiative fiduciaire pour le journalisme (JTI) la certification. En outre, le texte prévoit des obligations de transparence et de responsabilité en matière de publicité, de modération des contenus et de gestion des données des titulaires de comptes. Toutes ces dispositions ont été incluses, entre autres, dans la rapport du groupe de travail du Forum sur l’infodémographie, coprésidé par Maria Ressa, journaliste et lauréate du prix Nobel de la paix en 2021, et Marietje Schaake, directrice de la politique internationale du Cyber Policy Center de l’université de Stanford.
L’adoption de ce texte de co-régulation, qui sera rendu public le 16 juin, constitue une étape majeure vers « une nouvelle structure de gouvernance mondiale pour la technologie numérique » qui « assurera le contrôle démocratique efficace et coordonné des plateformes », comme l’a demandé le groupe de travail du Forum. Les signataires du code devront en effet collaborer avec les autorités européennes au sein d’une « task force permanente » présidée par la Commission concernant l’application du code et leur gestion de la désinformation. En particulier, les grandes plateformes seront auditées par des organismes indépendants afin d’évaluer si elles respectent leurs engagements.
Une avancée significative pour le droit à l’information
« Le résultat des négociations sur le « Code de bonne pratique renforcé sur la désinformation » marque une étape historique pour le droit à l’information dans l’espace numérique… », déclare Christophe Deloire, président du Forum sur l’information et la démocratie.déclare Christophe Deloire, président du Forum sur l’information et la démocratie. Moins de deux ans après la publication de nos recommandations pour mettre fin aux infodemmes, nous ne pouvons que nous réjouir de les voir formulées dans ce texte européen, une première au niveau international. Il appartient maintenant aux plateformes de réaliser ses ambitions et d’endosser un maximum d’engagements établis dans le cadre de ce Code. »
Si les plateformes sont censées souscrire à tous les engagements relatifs à leurs services, elles peuvent néanmoins justifier leur refus de signer certains d’entre eux auprès de la Commission européenne. Le code en tant que tel n’a pas force de loi, mais le respect des engagements acceptés par chaque plateforme sera pris en compte lors de l’évaluation du devoir de diligence qui leur est imposé par la loi sur les services numériques (LSN) en ce qui concerne l’impact de leurs activités sur l’espace public.
Les résultats obtenus lors des négociations constituent une avancée significative vers la mise en œuvre des principes de transparence, de responsabilité et de neutralité des plateformes numériques, qui sont au cœur du Partenariat international sur l’information et la démocratie endossé par 45 États, dont 24 membres de l’Union européenne.