À la veille de la Conférence ministérielle sur l’information, la démocratie et l’IA réunissant les États du Partenariat pour l’information et la démocratie le 24 septembre à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Forum sur l’information et la démocratie et sa coalition d’organisations de la société civile publient un appel à l’action pour sauvegarder l’intégrité de l’information à l’ère de l’IA.
Appel de la coalition de la société civile du Forum sur l’information et la démocratie à l’occasion de la conférence ministérielle sur l’information, la démocratie et l’IA
L’intelligence artificielle est la dernière innovation technologique qui transforme profondément l’espace mondial de l’information et de la communication. Elle est là, et elle remodèle notre monde d’une manière sans précédent, en particulier avec la disponibilité de l’IA générative et le rôle de l’IA dans la modération de contenu et les systèmes de recommandation.
L’histoire des médias sociaux nous a appris que le fait de laisser l’architecture de notre espace d’information commun à des intérêts privés a un coût élevé : désinformation, polarisation, atteinte à la démocratie, à la consolidation de la paix et à la cohésion sociale. Nous ne pouvons pas nous permettre de répéter ces erreurs. Nous ne devons pas faire passer l’innovation et les intérêts économiques avant les intérêts de l’humanité et de la démocratie.
À l’occasion de la Conférence ministérielle sur l’information, la démocratie et l’IA qui se tiendra le 24 septembre 2024 à New York en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, nous exhortons les États du Partenariat pour l’information et la démocratie à prendre toutes les mesures démocratiques pour que l’IA devienne un outil au service de l’intégrité de l’information et non une arme contre elle. La démocratie dépend de l’intégrité de l’information et de l’accès à une information fiable.
Nous, soussignés, membres de la Coalition de la société civile du Forum sur l’information et la démocratie, appelons les États à placer l’intégrité de l’information au centre de leur programme en matière d’IA et à réaliser des progrès tangibles jusqu’au sommet d’action sur l’IA qui se tiendra en février 2025.
Plus précisément, nous appelons les États démocratiques à :
- Reconnaître les risques que l’IA fait peser sur l’intégrité de l’information et prendre des mesures démocratiques concrètes pour mettre l’IA au service d’un espace d’information mondial indépendant, pluraliste, diversifié et fiable. Toutes les mesures doivent être strictement doivent être strictement conformes au droit et aux normes internationales en matière de droits de l’homme.
- Mettre en œuvre des mesures solides pour la recherche d’intérêt public sur les systèmes d’IA garantissant son indépendance et son intégrité, afin de permettre à des acteurs indépendants d’étudier les systèmes d’IA de l’intérieur.
- Renforcer la transparence et la responsabilité des systèmes d’IA en imposant une documentation claire et une traçabilité des processus décisionnels de l’IA, en particulier dans les algorithmes de modération de contenu et de recommandation, afin d’empêcher l’amplification de la désinformation et des contenus préjudiciables, tout en prévoyant des mécanismes de recours efficaces.
- Mettre en place des mécanismes véritablement inclusifs pour l’élaboration des politiques en matière d’IA en accordant une attention particulière aux voix des pays du Sud et des pays vulnérables pour s’assurer que l’IA ne renforce pas les préjudices existants, mais au contraire les atténue. Pour ce faire, il convient d’adopter une approche multipartite qui tienne compte des éléments suivants la communauté des médias et du journalisme, et ceux qui les soutiennent, en tant que parties prenantes clés dans les futures discussions sur l’IA et la gouvernance de l’internet.
- Soutenir l’indépendance et la viabilité financière de la société civile et des chercheurs leur permettre de jouer leur rôle d’observateur et de participer activement à l’élaboration des politiques internationales, régionales et nationales en matière d’IA.
- Encourager et soutenir la création d’un mécanisme de certification volontaire pour l’IA d’intérêt public afin de favoriser le développement de systèmes d’IA dans l’intérêt de la démocratie.
- Promouvoir le développement d’une infrastructure numérique publique qui permettrait aux organisations de journalisme et aux secteurs d’intérêt public similaires d’accéder à des services d’informatique en nuage et à des outils d’IA sécurisés, abordables, durables et accessibles.
- Tirez parti du partenariat pour l’information et la démocratie pour promouvoir des garanties démocratiques sur l’IA au niveau mondial et mettre l’IA au service de la lutte contre les inégalités.
Signataires :
- ALCRER ONG, Bénin
- AfricTivistes, panafricain
- Laboratoire Aláfia, Brésil
- Centre pour l’innovation dans la gouvernance internationale, Canada
- CIVICUS, Afrique du Sud
- Institut CyberPeace
- DataLEADS, Inde
- Defend Democracy, Pays-Bas et Belgique
- Accès numérique, Cameroun
- Fondation des droits numériques, Pakistan
- Freedom House, États-Unis
- Free Press Unlimited, Pays-Bas
- Forum sur l’information et la démocratie, France
- Fundación Ciudadanía y Desarrollo, Équateur
- Forum mondial pour le développement des médias, Belgique
- Homo Digitalis, Grèce
- Instituto Panamericano de Derecho y Tecnología – IPANDETEC, Amérique centrale
- Intervozes – Coletivo Brasil de Comunicação Social, Brésil
- Jonction, Sénégal
- Laboratoire des politiques publiques et de l’internet (LAPIN), Brésil
- Fondation Maharat, Liban
- Media Monitoring Africa, Afrique du Sud
- OBSERVACOM, Amérique latine et Caraïbes
- REPPRELCI, Côte d’Ivoire
- Reporters sans frontières, France
- Secrétariat du Partenariat pour un gouvernement ouvert, États-Unis
- Fondation Samir Kassir, Liban
- TEDIC, Paraguay